«Dire “tu te souviendras”, c’est aussi
dire “tu n’oublieras pas”. Il se pourrait même que le devoir de mémoire
constitue à la fois le comble du bon usage et celui de l’abus dans l’exercice
de la mémoire (...)
Comment est-il possible de dire “tu te souviendras”, donc tu déclineras au futur cette mémoire qui se donne comme la gardienne du passé? Plus gravement: comment peut-il être permis de dire “tu dois te souvenir”, donc tu dois décliner la mémoire au mode impératif, alors qu’elle revient au souvenir de pouvoir surgir à la façon d’une évocation spontanée, donc d’une pathos, dit le De memoria d’Aristote? Comment ce mouvement prospectif de l’esprit tourné vers le souvenir à la façon d’une tâche à accomplir s’articule-t-il sur les deux dispositions laissées comme en suspans, celle du travail de mémoire et celle du travail de deuil, prises tour à tour séparément et en couple?». (Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oublie, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 106).
Comment est-il possible de dire “tu te souviendras”, donc tu déclineras au futur cette mémoire qui se donne comme la gardienne du passé? Plus gravement: comment peut-il être permis de dire “tu dois te souvenir”, donc tu dois décliner la mémoire au mode impératif, alors qu’elle revient au souvenir de pouvoir surgir à la façon d’une évocation spontanée, donc d’une pathos, dit le De memoria d’Aristote? Comment ce mouvement prospectif de l’esprit tourné vers le souvenir à la façon d’une tâche à accomplir s’articule-t-il sur les deux dispositions laissées comme en suspans, celle du travail de mémoire et celle du travail de deuil, prises tour à tour séparément et en couple?». (Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oublie, Paris, Éditions du Seuil, 2000, p. 106).
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